Partir à l’assaut d’une montagne, c’est bien plus qu’un simple défi sportif. C’est une aventure humaine complète qui met à l’épreuve le corps, le mental et l’esprit d’équipe. Récemment, j’ai eu l’occasion de vivre cette expérience de façon intense en gravissant deux des plus hauts volcans du Mexique : l’Iztaccíhuatl et le Pico de Orizaba. Cette expédition, bien qu’autonome, a été réalisée dans le cadre du cours HM3 offert par Attitude Montagne, une entreprise québécoise spécialisée dans les formations en haute montagne. Qu’est-ce qui rend ce cours si spécial ? Laissez-moi vous raconter mon aventure, remplie d’apprentissages, de dépassements et de paysages à couper le souffle.
Le HM3, c’est quoi ?
Le HM3, c’est la dernière étape des cours de haute montagne proposé par Attitude Montagne. L’obectif de cette série de cours est de vous donner les outils pour organiser votre propre expédition. Lors du HM3, l’idée est de vous faire vivre une expérience immersive où vous êtes responsable de la planification, de la logistique et de l’exécution de l’ascension. Bien sûr, un guide expérimenté, Dominique, est présent pour veiller à la sécurité et s’assurer qu’aucune décision risquée ne soit prise. Mais pour le reste, c’est à vous de jouer !
Des mois de préparation
Organiser une expédition autonome, ça ne se fait pas du jour au lendemain. Cela exige des mois de planification méticuleuse. En tant que responsable de cette aventure, j’ai passé des semaines à :
- Tracer l’itinéraire
- Réunir le matériel nécessaire
- Peaufiner les détails logistiques
La pression était forte, car il fallait s’assurer de n’avoir rien oublié. Notre équipe était composée de six personnes, chacune ayant un rôle important à jouer. Après avoir réservé nos vols vers Mexico, nous étions fin prêts à nous lancer dans cette aventure.
Premier sommet : l’Iztaccíhuatl (5230 m)
Arrivée au Mexique et acclimatation
Après un vol sans encombre, nous sommes arrivés à Mexico, où nous avons retrouvé le reste de notre groupe HM3. Nous avons passé une soirée tranquille dans la capitale avant de prendre la route vers Amecameca, notre dernière étape avant le camp de base de l’Iztaccíhuatl.
À Amecameca, nous avons fait le plein de provisions pour plusieurs jours en montagne, notamment de l’eau, car le camp de base n’en possède pas. Le marché d’Amecameca est un véritable spectacle, avec ses étals de mezcal, ses fruits exotiques et ses objets en céramique colorés. Nous avons découvert un Mexique vibrant et chaleureux. Après avoir fait nos emplettes, nous avons repris la route vers le parc national de l’Iztaccíhuatl.
Installation du camp de base
Une fois arrivés au camp de base, l’aventure a vraiment commencé. Nous avons monté les tentes, installé la cuisine et organisé les repas. Chaque membre de l’équipe avait une tâche précise à accomplir pour que tout se déroule rapidement. Nous avons vite réalisé que le confort était un luxe rare ici et que nous avions sous-estimé certains de nos besoins. L’improvisation et la créativité sont devenues nos meilleures alliées. Après un bon repas chaud, une petite bière et un magnifique coucher de soleil, nous sommes allés nous coucher, impatients de relever le défi du lendemain.
Stratégie d’ascension et refuge de montagne
L’Iztaccíhuatl, avec ses 5230 m d’altitude, était la montagne idéale pour nous acclimater. Son ascension présentait un certain défi technique, avec une nuit en refuge et la traversée d’un petit glacier. Pendant que nous marchions, nous pouvions apercevoir le volcan Popocatépetl fumer au loin.
Pour faciliter l’ascension, nous avons choisi de dormir dans un refuge situé plus haut sur la montagne. Celui-ci servirait de camp avancé pour mieux nous acclimater. Nous avons donc effectué un premier aller-retour jusqu’au refuge pour y déposer une partie de notre matériel, avant de redescendre au camp de base. Là, nous avons fait un débriefing avec Dominique, puis nous avons préparé le repas et peaufiné les derniers détails pour l’ascension du lendemain. Le lendemain matin, nous avons pris la route vers le refuge, cette fois avec tout notre équipement pour y passer la nuit.
Nuit au refuge et assaut du sommet
Le refuge pouvait accueillir jusqu’à 24 personnes, mais nous espérions être moins nombreux pour ne pas être trop à l’étroit. L’espace cuisine se résumait à une simple planche de bois sur laquelle nous pouvions installer notre réchaud. Nous étions dans les nuages et espérions que la météo serait favorable pour notre départ.
À 2 heures du matin, le réveil a sonné. L’atmosphère était calme, mais l’excitation montait. Nous avons vérifié que nous n’avions rien oublié, puis nous avons commencé à marcher. La progression était lente, mais régulière, dans la nuit noire. Il n’était pas facile de s’orienter. Nous sommes arrivés au début du glacier, où nous avons sorti notre équipement technique et nous sommes encordés. Malheureusement, il ne restait plus grand-chose du glacier. Dans quelques années, il sera probablement possible de faire l’ascension sans jamais voir de glace. Après le glacier, il restait encore une crête et un peu de dénivelé avant d’atteindre le sommet.
Atteindre le sommet de l’Iztaccíhuatl
Le moment le plus magique a été l’arrivée du soleil. En plus de nous réchauffer, la lumière a révélé le paysage majestueux qui nous entourait. C’était un spectacle qui valait tous les efforts. Vers 7 heures, nous étions au sommet. Nous avions atteint notre premier objectif ! Nous étions tous très contents, mais nous devions rester concentrés, car il restait encore la descente jusqu’au camp de base et le prochain sommet, le Pico de Orizaba, qui était l’objectif principal de l’expédition.
Nous avons croisé l’autre groupe guidé d’Attitude Montagne, et l’un de leurs guides, Gustavo, a profité de l’occasion pour jouer de sa flûte. La légende dit que si Gustavo a sa flûte dans son sac, le sommet est garanti ! Puis, il était temps de redescendre.
Descente vers le camp de base
Nous sommes repassés par le glacier avant d’entamer une longue descente jusqu’au refuge. Là, nous étions heureux et avions l’impression d’avoir terminé l’ascension, mais il restait encore pas mal de marche jusqu’au camp de base. Cette fois, avec des sacs très lourds, car nous devions redescendre tout le matériel en une seule fois. Lentement, mais sûrement, nous sommes arrivés au camp de base après plus de 10 heures d’efforts. Il ne restait plus qu’à ranger le camp et à monter dans les véhicules qui nous emmèneraient à l’hôtel, où nous passerions une journée de repos bien méritée.
Journée de repos et préparation pour le Pico de Orizaba
Nous avons profité de l’hôtel pour recharger nos batteries, donner des nouvelles à nos familles et nous reposer un peu. Mais nous avions aussi pas mal de choses à faire : refaire quelques courses, revoir l’itinéraire et notre horaire pour le Pico de Orizaba, revérifier le matériel et faire sécher nos affaires. Bref, nous étions loin de pouvoir faire la sieste tranquille.
Après une petite escapade en ville à la recherche de bière, nous sommes retournés à l’hôtel pour un nouveau compte rendu avec Dominique, afin de couvrir la première ascension. Nous avons partagé ce qui avait bien été et ce qui avait moins bien été. Le but était de pouvoir appliquer les enseignements directement pour le prochain sommet. Nous avons ensuite utilisé ces informations pour réviser notre plan de match, notre itinéraire et notre horaire.
Le soir, nous avons partagé un verre de vin ou une bière autour d’un beau feu de foyer, très agréable et réconfortant. L’ascension de montagnes ne se résume pas à monter puis descendre. C’est aussi des moments de partage. Ici, les membres des deux groupes échangeaient autour du feu, peu importe leur expérience. Nous parlions de nos émotions sur la montagne, de nos plus belles expériences et de nos moins bonnes. C’était très enrichissant et inspirant.
Deuxième sommet : le Pico de Orizaba (5675 m)
Il était temps de repartir pour le deuxième sommet de l’expédition, le Pico de Orizaba, le plus haut sommet du Mexique.
Voyage vers le camp de base
Nous avons préparé tout le matériel et chargé les voitures qui nous emmèneraient jusqu’au camp de base du Pico. Après quelques heures de route sur des chemins de terre, nous sommes arrivés dans la dernière ligne droite avant le camp de base. Le soleil brillait au-dessus de notre objectif final. Nous sommes arrivés au camp de base vers midi et demi.
Installation du camp et exploration
Nous avons décidé de diviser le groupe en deux. Jid, Audrey et Joe sont partis en exploration pour voir à quoi ressemblait le labyrinthe, un segment de l’ascension qui semblait compliqué à franchir. Simon et moi avons installé les tentes et notre camp de base de luxe. Pour ce camp de base, nous avions accès à une tente cuisine et salle à manger déjà entièrement installée. Une fois nos tentes montées, nous avons commencé à préparer le repas. Au menu ce soir : tacos ! Après le repas, nous ne tardions pas à aller nous coucher, mais avant, j’ai fait un tour dehors pour observer le beau ciel étoilé au-dessus du camp de base.
Journée de repos
Nous avons bien dormi dans nos tentes. Ce matin, nous avons eu droit à un petit déjeuner de luxe comparé à nos granolas habituels : une très belle omelette ! L’exploration du labyrinthe a pas mal fait redescendre le stress et la pression que nous avions pour l’ascension. Simon offrait généreusement ses services de massage, Audrey s’est fait coller un cœur sur la joue et Gib flattait un chien. Bref, une journée de repos tranquille au camp de base, avec une vue imprenable sur le Pico de Orizaba, notre objectif à 5675 m d’altitude. Si tout se passait bien, le lendemain matin, nous serions au sommet.
Nous en avons profité aussi pour faire quelques exercices, des massages et des étirements. En altitude, nous perdons plus rapidement du muscle. Cela fait partie des adaptations du corps au manque d’oxygène. Il est donc souvent recommandé de faire un peu d’exercice, même les jours de repos, afin de réduire cette perte.
Puis, nous avons revu les techniques de marche sur glacier avec cordes, piolets et crampons. Nous avons aussi revu la technique du self-arrest, très utile en cas de glissade sur le glacier. À 16 heures, nous avons préparé le repas du soir ainsi que nos sacs de collation pour le lendemain. Tout devait être prêt pour notre départ. Puis, lorsque le soleil s’est couché, nous avons rejoint nos tentes pour dormir. Le réveil devait sonner à 23 heures pour un départ vers le sommet.
Assaut du sommet
Le réveil a sonné à 23 heures. Je me suis habillé et suis sorti de ma tente en direction de la tente cuisine. Tout le monde était déjà là et s’activait aux derniers préparatifs. Chacun récupérait ses collations, vérifiait que ses gourdes étaient bien remplies et faisait ses derniers tests de lampe frontale. Tout était prêt. Un petit tour aux toilettes pour calmer le stress et nous pouvions partir à minuit.
L’ascension
Nous avons commencé à marcher éclairés par nos lampes frontales. La première chose qui m’a frappé, c’est le monde. Nous étions très nombreux sur la montagne. C’était impressionnant de voir toutes ces petites lampes se déplacer dans le noir. Moi qui avais été habitué à grimper avec très peu de monde, c’était autre chose. Le début de la marche s’est fait sur un petit sentier facile à suivre, puis nous sommes passés à travers de grands amas de roches. Nous progressions doucement, mais sûrement, dans la nuit. Nous avons fini par rattraper et doubler plusieurs groupes. Nous sommes arrivés au glacier après nous être trompés de chemin dans le labyrinthe. Nous avons retrouvé la bonne trace et nous sommes arrivés sur le glacier en étant l’un des premiers groupes. Nous avons sorti notre matériel technique, crampons et piolets, et nous nous sommes encordés. Les autres groupes arrivaient doucement au glacier. Il était temps pour nous de repartir en direction du sommet. Nous voulions éviter au maximum de nous retrouver au milieu de la foule. Nous faisions nos premiers pas sur le glacier qui devait nous mener jusqu’au sommet. La nuit était encore totalement noire. En regardant derrière, j’ai cru apercevoir une ville, mais la multitude de points lumineux était en fait les frontales des personnes encore en train de se diriger vers le glacier.
Atteindre le sommet du Pico de Orizaba
Nous sommes arrivés au sommet du Pico de Orizaba en même temps que le lever du soleil. La montagne offrait une ombre très particulière en forme de pyramide sur l’horizon. C’était magnifique. Je n’avais jamais vu ça. Au sommet, nous sommes arrivés devant l’énorme cratère du volcan. Le soleil se levait au loin. Nous ne pouvions difficilement rêver d’une plus belle vue. La mission était accomplie, enfin presque. Il fallait encore redescendre. Le sommet, lui, était atteint avec la totalité de notre groupe. Bravo tout le monde ! Nous avons pris quelques minutes pour profiter du moment et prendre quelques photos, puis nous avons commencé notre descente.
La descente
Nous avons croisé énormément de monde à la descente. Il fallait rester concentré, car la moindre glissade pourrait déclencher un effet domino. Notre but était de sortir du glacier le plus vite possible. Une fois sortis du glacier, nous en avions terminé avec le terrain technique. Nous pouvions ranger crampons, baudrier et cordes. Après avoir mangé un peu, nous avons continué notre chemin vers le camp de base. La fin de la descente a été un peu difficile pour moi. La fatigue était très présente, j’ai donc un peu lâché la caméra et je n’ai pas fait beaucoup d’images. Après plus de 10 heures d’efforts, nous sommes arrivés au camp de base. Nous avions réussi l’ascension du Pico de Orizaba ! Bravo à toute l’équipe ! Il ne nous restait plus qu’à rentrer jusqu’à Mexico.
Réflexions sur l’expédition
Merci à tout le groupe du HM3 : Audrey, Jonathan, Nicolas, Jean-Daniel et Simon. Cela a avant tout été un travail d’équipe, et c’est grâce à vous que nous avons pu réussir l’expédition. Ce fut un plaisir de la réaliser avec vous. Merci à Dominique de nous avoir encadrés et supportés pendant le voyage. Merci à Mélodie, qui a joué l’ombre de Dominique et qui a également dû nous supporter.
Si vous êtes intéressé par le HM3 ou simplement par l’ascension du Pico de Orizaba, je ne peux que vous conseiller de vous lancer avec Attitude Montagne. Le sommet n’est jamais garanti, mais vous vivrez une expérience inoubliable. Et si vous choisissez le HM3, vous saurez ce que cela demande d’organiser sa propre expédition (spoiler : c’est beaucoup de travail !).
En conclusion
Grimper le plus haut sommet du Mexique a été une aventure incroyable, remplie de défis, de dépassements et de moments de partage inoubliables. Cette expérience m’a permis de grandir en tant qu’alpiniste et en tant que personne. Si vous aussi, vous rêvez de partir à l’assaut des sommets, n’hésitez plus et lancez-vous !
N’oubliez pas de vous abonner à ma chaîne YouTube pour ne manquer aucune de mes prochaines expéditions. Et dites-moi en commentaire quel est votre prochain projet en montagne ! À bientôt !
Ressources additionnelles
- Mon blog de voyage :
- Programme HM3 d’Attitude Montagne :
- Mes réseaux sociaux :
- Instagram : https://www.instagram.com/studiohoratio/
- Facebook : https://www.facebook.com/StudioHoratio/
- Mon site web :
- Autres vidéos :
- « Alpinisme au Pérou » : https://youtu.be/2OW5yqKnJPg
- « 1 mois au Népal, Trek du tour des Annapurna, Katmandou, Pokhara. » : https://youtu.be/OrgFCeiFx2o
- « Galapagos » : https://youtu.be/FP8rNENpM8k
Mon équipement
- Canon R6 + RF 24-240mm F4-6.3 IS USM
- GoPro Hero 11
- Pixel 7
- Rode VIDEOMICRO